Le web surfe sur la vie de quartiers
L’échange de services entre voisins, c’est ce que propose Mon p’ti voisinage, réseau social de proximité qui essaime dans toute la France. 30 000 inscrits en décembre 2015, 80 000 en avril 2016.
« Pourquoi acheter un appareil à raclette ou un taill-haie dont on ne se servira qu’une fois par an ? » Mathieu, 41 ans, fait partie de ces Français séduits par l’économie du partage. Plutôt que d’encombrer ses placards, cet habitant de Saint-Malo préfère emprunter les objets qui lui manquent, sans être indispensables. En cette mi-avril, il se procurerait bien un surf pour s’initier à la glisse. Et il n’a pas à prospecter longtemps. Sur Mon p’ti voisinage, réseau social auquel il s’est inscrit en novembre 2015, il repère qu’un habitant de son quartier, Yvon, accepte de lui en prêter un pour quatre semaines, en échange d’un coup de main pour installer un antivirus sur son ordinateur. Quelques clics plus tard, le marché est conclu. Profitant de sa pause-déjeuner, Yvon passe chez Mathieu, féru d’informatique, déposer la planche et glaner quelques conseils. « Comme je ne suis pas de la génération qui a grandi entourée d’écrans, c’est pratique de pouvoir compter sur un expert », témoigne-t-il. Membre du réseau depuis un mois, il apprécie d’étoffer son carnet d’adresses. « Souvent on ne connaît que nos voisins les plus proches, qu’on se contente de saluer. De là à se prêter des affaires, il y a quand même un pas à franchir. » En listant les attentes et les compétences de chacun, le site permet de briser la glace.
Depuis sa création en 2014, Mon p’ti voisinage aurait permis 25 400 partages d’objets et de services. Des objets trouvés aux propositions d’achats groupés, en passant par du covoiturage, le site agrège une trentaine de services. « Pour prêter ou louer une voiture, il existe une multitude de sites spécialisés. Mais il faut prendre le temps de comparer les offres. Sur Mon p’ti voisinage, on visualise aussitôt les contacts intéressés », explique David Rouxel, l’initiateur du réseau. Ce Breton passé par la Silicon Valley et le Japon croit au local, bénéfique pour « le lien social, le porte-monnaie et la planète. » Mais pour qu’un dynamique d’enclenche, il faut faciliter les partages et la confiance. […]
Aurélie Djavadi, Le Magazine Le Parisien, 27 mai 2016